Purificateurs d'air : la pollution intérieure tue mais de nombreux appareils sont inefficaces et certains peuvent même être nocifs
Professeur, Chimie de l’air intérieur, Université de York
Nicola Carslaw reçoit des fonds de l’UKRI (NERC et EPSRC), de l’association COST de l’UE et de la Fondation Alfred P. Sloan.
L’Université de York fournit des fonds en tant que membre de The Conversation UK.
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La pollution de l’air tue environ 7 millions de personnes chaque année. La plupart de ces décès surviennent dans les pays en développement, où le combustible solide est souvent brûlé dans des espaces mal ventilés. Cependant, entre 26 000 et 38 000 de ces décès surviennent au Royaume-Uni.
Les Britanniques passent plus de 80% de leur temps à l’intérieur, que ce soit à la maison, au travail, à l’école ou dans les transports. Il est donc crucial de s’assurer que l’air à l’intérieur de ces espaces clos peut être respiré en toute sécurité.
Au cours des dernières années, la gamme d’appareils de purification de l’air s’est toujours élargie sur le marché, en particulier lorsqu’il est devenu évident que la COVID était une maladie transmise par l’air. Certains appareils fonctionnent par oxydation thermique ou photocatalytique, d’autres par adsorption, filtration, irradiation germicide UV, génération d’ions et précipitation électrostatique.
Malgré leurs noms à consonance scientifique, aucune de ces technologies n’élimine tous les polluants de l’air intérieur et beaucoup génèrent des polluants chimiques indésirables, comme l’a détaillé un récent rapport du Groupe consultatif scientifique pour les situations d’urgence (Sage) du gouvernement britannique.
Par exemple, les dispositifs ionisants donnent aux particules une charge électrique qui les fait tomber sur les surfaces, les éliminant de l’air. Cependant, ils peuvent également produire de l’ozone grâce à leur fonctionnement. Les dispositifs de précipitation électrostatique chargent également les particules pour les éliminer, mais peuvent produire des oxydes d’azote et de l’ozone.
Les dispositifs d’oxydation chimique utilisent en fait un ozoniseur ou un mélange de produits chimiques pour libérer de l’ozone ou d’autres oxydants directement dans la pièce. Étant donné que l’ozone et les oxydes d’azote sont des gaz nocifs, certains de ces dispositifs ne font que remplacer un polluant par un autre.
Le rapport Sage a conclu que les technologies d’épuration de l’air n’apporteraient probablement qu’un avantage limité dans les espaces correctement ventilés et n’étaient pas nécessaires à moins qu’il n’y ait des risques spécifiques (comme une route achalandée à l’extérieur, rendant ainsi la ventilation naturelle plus difficile). Le rapport a également conclu que, si nécessaire, les technologies utilisant la filtration ou les UV germicides étaient plus susceptibles d’être bénéfiques si elles étaient utilisées correctement.
Un problème avec les appareils de purification de l’air est qu’ils ne sont pas réglementés au Royaume-Uni. Quiconque achète un tel appareil doit se fier aux informations fournies par le fabricant pour déterminer l’efficacité avec laquelle il élimine les polluants.
Les appareils ont tendance à être testés dans des conditions de laboratoire soigneusement contrôlées plutôt que dans un bâtiment occupé typique. La question de la formation de polluants secondaires n’est souvent pas abordée, et les conseils sur l’endroit où un dispositif d’épuration de l’air devrait être placé pour obtenir les meilleurs résultats sont souvent absents.
Il incombe trop au consommateur d’évaluer les avantages des technologies de purification de l’air et celle qu’il devrait choisir.
Pour faciliter la tâche des consommateurs, le gouvernement doit créer un organisme accrédité et indépendant pour tester la sécurité et l’efficacité de ces dispositifs. Les essais doivent être effectués dans un environnement intérieur réaliste pour s’assurer que chaque appareil peut être utilisé et entretenu en toute sécurité à mesure qu’il vieillit.
Et les fabricants devraient fournir des conseils clairs sur la façon d’utiliser et d’entretenir leurs purificateurs d’air. L’utilisation et l’entretien de ces appareils doivent être aussi simples que possible.
Les fabricants devraient également fournir les paramètres de fonctionnement, comme ils le font actuellement pour les produits blancs, tels que les réfrigérateurs et les cuisinières. Les paramètres comprennent des éléments tels que le bruit (si l’appareil est trop bruyant, il y a un risque que les gens le refusent), les coûts d’entretien, le volume d’un espace qui peut être nettoyé et l’efficacité de l’élimination des polluants. Ceux-ci devraient être fournis sous la forme d’une liste de contrôle standard, ce qui permettrait aux consommateurs de comparer facilement les appareils.
Même avec ces changements en place, les consommateurs devront toujours se demander si les espaces intérieurs ou les pièces ont vraiment besoin d’une technologie de purification de l’air. C’est peut-être l’aspect le plus difficile, étant donné que de nombreux consommateurs n’auront pas l’expertise ou l’équipement nécessaire pour comprendre s’ils ont besoin ou non d’assainir l’air de leur maison.
Pour la plupart des maisons, la ventilation naturelle est suffisante, en particulier après des activités qui entraînent des émissions intérieures élevées telles que la cuisson et le nettoyage. L’utilisation d’une hotte dans la cuisine lors de la cuisson et d’une hotte aspirante lors de l’utilisation de la salle de bain aidera également. Si un bâtiment est situé sur une route achalandée, il peut être nécessaire d’ouvrir les fenêtres de l’autre côté du bâtiment ou en dehors des heures de pointe.
Un moyen relativement peu coûteux d’aider les propriétaires à évaluer s’ils ont besoin d’un épurement de l’air en plus de la ventilation serait d’acheter un moniteur de dioxyde de carbone. Un rapport récent indique que les concentrations de dioxyde de carbone constamment supérieures à 1 500 parties par million suggèrent que la ventilation est mauvaise et que l’épuration de l’air pourrait être bénéfique.
Enfin, l’épuration de l’air ne sera jamais qu’une solution provisoire. Pour la plupart des bâtiments, la meilleure solution est d’éliminer les polluants atmosphériques de l’extérieur et de s’assurer qu’il y a des ouvertures de fenêtres adéquates pour assurer une ventilation suffisante.
Purificateurs d’air: la pollution intérieure tue mais de nombreux appareils sont inefficaces et certains peuvent même causer des dommages